La Suisse, souvent surnommée le paradis des crypto, attire de nombreux investisseurs et entreprises du secteur. Mais attention : « paradis » ne veut pas dire « zone de non-droit ». Il existe bien une fiscalité crypto en Suisse — simplement, elle est plus simple et plus avantageuse que dans beaucoup d’autres pays.
Ce qu’il faut retenir rapidement de la fiscalité crypto en Suisse :
| Activité | Plus-values imposables | Revenu imposable | Impôt sur la fortune |
|---|---|---|---|
| Achat/vente occasionnelle | Non | Non | Oui |
| Trading actif (professionnel) | Oui | Oui | Oui |
| Minage | Oui | Oui | Oui |
| Staking (récompenses reçues) | Non | Oui | Oui |
| Airdrops | Non | Oui | Oui |
Fiscalité crypto : qui est imposé en suisse ?
La Suisse classe les détenteurs de crypto-monnaies en deux grandes catégories :
Les particuliers
Ce sont des investisseurs qui détiennent des crypto-monnaies à titre privé. Ils achètent, vendent ou conservent des actifs numériques sans en faire leur activité principale. Le traitement fiscal est ici généralement très favorable.
Les professionnels
Cela peut être des indépendants, des traders actifs ou des entreprises. Leur activité crypto est organisée, régulière, et vise un profit. Dans ce cas, le fisc considère qu’il s’agit d’une activité lucrative indépendante, soumise à des règles plus strictes.
C’est cette distinction qui va déterminer si vos gains sont imposables ou non.
La fiscalité crypto des particuliers
La Suisse fait partie des rares pays où les particuliers peuvent vendre leurs cryptos avec une plus-value… sans payer d’impôt. Tant que tu es considéré comme un investisseur privé, les gains issus de la revente de crypto-monnaies sont totalement exonérés.
Par exemple, si tu achètes 1 Bitcoin en janvier pour 20 000 francs suisses et que tu le revends en octobre pour 35 000 CHF, la plus-value de 15 000 CHF est entièrement non imposable. À condition bien sûr que ton activité ne soit pas jugée professionnelle (on y revient plus bas). Mais attention, cette exonération ne veut pas dire que tu es totalement hors radar fiscal. Il y a deux exceptions importantes à connaître.
L’impôt sur la fortune
En Suisse, cet impôt est prélevé au niveau cantonal et communal, et il inclut tous tes avoirs au 31 décembre de chaque année (cryptos comprises). Si tu détiens, par exemple, 50 000 CHF en crypto-actifs à cette date, cette somme entre dans le calcul de ta fortune imposable. Chaque canton a ses propres seuils et taux, mais la taxation reste relativement douce, souvent entre 0,1 % et 0,5 %, selon le montant et la région.
L’impôt sur le revenu
Ensuite, il y a l’impôt sur le revenu pour les revenus passifs issus de l’écosystème crypto : staking, lending, yield farming ou encore airdrops. Ces revenus sont considérés comme imposables, même si tu es un investisseur particulier. Imaginons que tu fasses du staking sur Ethereum et que tu gagnes 1 500 CHF sur l’année : cette somme devra être déclarée comme un revenu et sera soumise à l’impôt sur le revenu.
Fiscalité des professionnels en suisse
Si votre activité crypto devient régulière, intensive ou structurellement organisée, vous risquez d’être considéré comme un professionnel, même si vous êtes en nom propre.
La conséquence principale est que les gains réalisés seront imposés comme des revenus et non plus comme des plus-values exonérées. En plus, vous devrez cotiser à l’AVS (assurance vieillesse), comme tout indépendant.
Comment savoir si vous êtes considéré comme professionnel ?
Les autorités fiscales suisses (et notamment l’AFC – Administration Fédérale des Contributions) s’appuient sur plusieurs critères. En voici les principaux :
- Fréquence élevée des transactions
- Détention à court terme des cryptos
- Utilisation d’un effet de levier ou de produits dérivés
- Dépendance économique à ces revenus
- Utilisation de connaissances spécialisées ou d’outils professionnels
Il ne faut pas cocher toutes les cases pour être requalifié. Il suffit que l’ensemble de votre activité donne l’image d’un comportement professionnel.
Exemple concret :
- Vous effectuez 200 opérations de trading par an, avec des prises de positions à effet de levier, sur plusieurs plateformes.
- Vous retirez chaque mois des gains pour couvrir vos dépenses personnelles.
Dans ce cas, l’administration pourrait considérer que vous exercez une activité lucrative indépendante. Résultat : vous serez imposé sur vos gains au même titre qu’un revenu de travail, avec obligation de vous affilier à l’AVS.
Cas particuliers : minage, staking, airdrops
Certaines activités crypto sortent du simple achat/vente et méritent un traitement fiscal spécifique.
Minage
Les revenus issus du minage sont toujours imposés, que vous soyez un particulier ou un professionnel. Il s’agit d’une activité productive et donc considérée comme génératrice de revenu.
- Si vous minez de manière occasionnelle, vous serez imposé sur la valeur des tokens obtenus au moment de leur réception.
- Si vous minez régulièrement, vous devrez vous enregistrer comme indépendant et payer également des cotisations sociales.
Staking
Le staking fonctionne de manière similaire au minage du point de vue fiscal.
- En tant que particulier, vous devez déclarer les récompenses reçues en staking comme un revenu imposable.
- En tant que professionnel, ces revenus sont intégrés à votre chiffre d’affaires et traités comme un revenu d’activité.
Airdrops
Les airdrops sont également considérés comme un revenu à déclarer. Leur montant imposable correspond à leur valeur marchande au moment de la réception.
Déclaration et obligations fiscales en Suisse
En Suisse, la fiscalité fonctionne sur le principe de l’autodéclaration. Autrement dit, c’est à toi de faire le travail : tu dois recenser l’ensemble de tes avoirs en crypto au 31 décembre de chaque année, et déclarer tous les revenus passifs que tu as pu percevoir (comme les gains issus du staking, du lending ou des airdrops). Même s’il n’existe pas encore de cadre fiscal totalement unifié au niveau fédéral, de plus en plus de cantons adoptent des directives précises pour encadrer la déclaration des crypto-actifs.
Pour t’y retrouver plus facilement, tu peux t’appuyer sur des plateformes de suivi comme Accointing, Koinly, CoinTracking ou Blockpit. Ces outils te permettent de générer des rapports fiscaux détaillés, généralement acceptés par les autorités cantonales.
Petit conseil pratique : joins à ta déclaration un tableau récapitulatif de tes avoirs et revenus liés aux cryptos. Non seulement cela montre ta bonne foi, mais ça facilite aussi grandement le travail de l’administration. Une démarche simple qui peut t’éviter bien des tracas.
S’installer en Suisse pour payer moins de taxe sur les crypto ?
S’installer en Suisse pour bénéficier d’un cadre fiscal crypto plus souple séduit de plus en plus d’investisseurs. Et on comprend pourquoi : l’exonération des plus-values pour les particuliers est un vrai levier d’optimisation. Mais attention, tout n’est pas automatique. Dès que tu deviens résident fiscal suisse, tu es imposé en Suisse, y compris sur tes cryptos. Bonne nouvelle toutefois : si tu détenais déjà des actifs numériques avant ton arrivée, certains cantons appliquent ce qu’on appelle un step-up fiscal. Concrètement, tes cryptos sont évaluées à leur valeur au moment de ton entrée sur le territoire, ce qui permet de « gommer » une partie des plus-values réalisées avant ton expatriation. Pratique, non ? Cela dit, chaque canton a ses subtilités, donc si tu changes de résidence, mieux vaut consulter un conseiller fiscal local. La Suisse offre un cadre clair et attractif, mais cette liberté s’accompagne aussi de responsabilités : il te faudra déclarer tes avoirs et revenus, prouver que tu restes un investisseur privé (et non professionnel), et bien gérer ta comptabilité. Bref, rigueur et transparence sont les maîtres mots pour tirer parti au maximum de ce paradis fiscal… légalement.
La crypto Dans les autres pays…
| Pays | Plus-values long terme | Revenus passifs (staking, mining, etc.) | Remarques |
|---|---|---|---|
| Allemagne | 0 % après 1 an | Imposés au barème progressif | Avantageux si HODL > 1 an |
| Andorre | 10 % | Imposés à 10 % | Très favorable mais nécessite résidence effective |
| Belgique | 0 % (si non spéculatif) | Taxés si considérés comme professionnels | Régime flou, mais souvent avantageux |
| Canada | 50 % des plus-values imposables | Imposés comme revenus | Fiscalité assez lourde |
| Dubai | 0 % | 0 % | Aucun impôt personnel ; attention à la résidence fiscale réelle |
| Espagne | 19 à 28 % | Imposés au barème de l’épargne | Peu favorable aux traders actifs |
| États-Unis | 0 à 37 % (selon durée et revenu) | Taxés à l’impôt sur le revenu | Déclaration complexe (IRS très strict) |
| France | 30 % (PFU) | 30 % (PFU) | Déclaration obligatoire, régime lourd |
| Luxembourg | 0 % si > 6 mois (hors spéculation) | Soumis à l’impôt selon nature | Peut être avantageux pour les HODLers |
| Malte | 0 % (si non spéculatif) | Taxés si récurrents ou professionnels | Cadre stable mais déclaration requise |
| Portugal | 0 % après 1 an | 28 % | Nouveau régime depuis 2023 |
| Suisse | 0 % (privés) | Taxés si activité pro | Stable et très favorable aux particuliers |
| Thaïlande | 15 % | Taxés également | Cadre fiscal récent mais encore en évolution |
Légende :
- 0 % : exonéré sous conditions (durée, non spéculatif)
- PFU : Prélèvement Forfaitaire Unique (France)
- Taxé comme revenu : soumis au barème de l’impôt sur le revenu local
- Spéculatif : jugé professionnel → imposition lourde









