Les crypto-monnaies, ce n’est plus un phénomène de niche. Que tu sois un simple curieux, un investisseur aguerri ou un fan de DeFi, tu as sans doute déjà entendu parler du Bitcoin, de l’Ethereum ou des fameux NFTs. Mais dès que les gains s’accumulent, une question cruciale se pose : comment déclarer ses cryptos ? Et surtout, combien vais-je être taxé ?
En France, la fiscalité des crypto est bien encadrée. Mais entre les ventes, les échanges, le staking, les airdrops, les comptes à l’étranger… difficile de s’y retrouver. Ce guide est là pour t’expliquer simplement et concrètement comment ça fonctionne, avec des exemples pratiques, des tableaux clairs et des astuces pour éviter les mauvaises surprises.
Qui est concerné par la fiscalité crypto ?
En France, toute personne résidant fiscalement dans le pays est concernée par la fiscalité des crypto-actifs dès lors qu’elle réalise des opérations imposables. Autrement dit, même si tu trades depuis ton canapé, tu n’échappes pas aux règles fiscales. Et oui… !
Cela concerne :
- Les particuliers qui achètent, vendent ou échangent des cryptos
- Ceux qui reçoivent des récompenses en cryptos (staking, airdrop, minage)
- Ceux qui utilisent les cryptos comme moyen de paiement
- Les détenteurs de comptes ouverts sur des plateformes étrangères
Exemple concret :
Tu as ouvert un compte sur Binance, tu y as déposé 100 €, mais tu n’as encore rien acheté.
Résultat : tu dois quand même déclarer ce compte aux impôts via le formulaire 3916-bis, même sans activité dessus.
Le régime d’imposition crypto pour les particuliers
Si tu investis dans les cryptos à titre personnel, sans en faire une activité professionnelle, tu es soumis à un régime fiscal spécifique : celui des plus-values sur actifs numériques.
Taux d’imposition :
Les gains sont soumis à la flat tax de 30 % :
- 12,8 % d’impôt sur le revenu
- 17,2 % de prélèvements sociaux
Tu es imposé uniquement au moment où tu convertis tes cryptos en euros (ou en toute autre monnaie ayant cours légal).
Exemple :
Tu achètes 1 ETH à 1 000 €
Quelques mois plus tard, tu revends cet ETH à 1 600 €
Tu réalises donc une plus-value de 600 €, imposée à 30 %
Tu devras payer 180 € d’impôt
Cas particulier d’exonération :
Si le total des cessions de crypto sur l’année est inférieur à 305 €, tu es exonéré d’impôt (mais tu dois tout de même déclarer).
Simulateur d’impôt sur les plus-values crypto
Le régime des professionnels
Tu peux être considéré comme professionnel si ton activité présente des caractéristiques commerciales : fréquence élevée, volumes importants, organisation structurée, but lucratif clair.
Tu passes alors sous un régime d’imposition type entreprise :
- BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) si l’activité est commerciale
- BNC (Bénéfices Non Commerciaux) si elle ne l’est pas
Conséquences :
- Tu déclares tous tes revenus (et pas juste tes plus-values)
- Tu peux déduire tes charges (abonnements, matériel, frais de déplacement…)
- Tu dois choisir un statut (auto-entreprise, entreprise individuelle, etc.)
Exemple :
Tu fais du trading automatisé à temps plein avec des bots, sur plusieurs plateformes, tu réalises 80 000 € de gains en un an.
→ Le fisc peut considérer que tu agis comme un pro
→ Tu passes sous le régime BIC, et tes revenus sont imposés comme ceux d’une entreprise
Opérations crypto : lesquelles sont imposées… ?
Pas toujours simple de savoir ce qui déclenche une imposition ou non dans l’univers crypto. Entre les ventes, les échanges, les airdrops, le staking ou les pertes, la fiscalité française fait une distinction précise selon la nature de chaque opération.
Voici un détail complet des cas les plus courants :
Vente de crypto contre des euros (ou toute monnaie fiat)
C’est l’opération imposable par excellence. Dès que tu vends des cryptos contre des euros, tu réalises une plus-value (ou une moins-value), qui entre dans le champ de la flat tax. Tu seras imposé à hauteur de 30 % sur le gain (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).
À déclarer dans le formulaire 2086 (détail de chaque cession), puis dans le formulaire 2042 C pour le récapitulatif.
Échange entre cryptos (ex : BTC vers ETH)
Bonne nouvelle : ces échanges ne sont pas imposables en France. Tant que tu restes dans l’univers crypto, sans passer par une monnaie fiat, tu n’as rien à payer.
Pas de déclaration à faire… sauf si la plateforme considère ce swap comme une cession. À surveiller !
Paiement en crypto (ex : carte Binance ou achat en ligne)
Même si tu n’as pas récupéré d’euros, le fisc considère que tu as “vendu” tes cryptos pour régler un achat. Et donc, tu réalises une plus-value imposable, exactement comme si tu les avais vendues sur une plateforme.
Flat tax de 30 % à appliquer, à déclarer via 2086 + 2042 C.
Airdrop (récompense gratuite en crypto)
Tu reçois des tokens gratuitement via un airdrop ? Ce gain est considéré comme un revenu imposable, même si tu ne les as pas encore vendus. Ce n’est pas une plus-value, mais un revenu à déclarer dans ta feuille d’impôts.
À indiquer dans le formulaire 2042, rubrique “revenus divers”.
Staking et minage
Les gains issus du staking ou du minage sont considérés comme des revenus d’activité, pas comme des plus-values. Ils relèvent du régime des Bénéfices Non Commerciaux (BNC). C’est plus complexe, car cela suppose de déclarer des revenus réguliers, et potentiellement de payer des cotisations sociales.
À déclarer dans le formulaire 2042, section “BNC”.
Perte ou vol de cryptos
Tu as perdu l’accès à ton wallet ? Tes cryptos ont été volées ou bloquées sur une plateforme ? Malheureusement, ce type de perte n’ouvre pas droit automatiquement à une déduction fiscale. En revanche, tu peux demander une exonération en cas de contrôle, à condition d’avoir des justificatifs solides (plainte, preuve de blocage, etc.).
Pas de déclaration automatique, mais des preuves à fournir sur demande du fisc.
Comptes à l’étranger
Tu détiens un compte sur une plateforme non française (Binance, Kraken, KuCoin…) ? Même sans activité, tu dois le déclarer obligatoirement chaque année, avec le formulaire 3916-bis. Ce n’est pas imposable en soi, mais le non-respect de cette obligation peut coûter cher.
Une case à ne surtout pas oublier lors de ta déclaration annuelle.
Comment calculer sa plus-value crypto ?
La France utilise la méthode du Prix Moyen Pondéré (PMP). Cela signifie que tu dois recalculer un prix d’achat moyen chaque fois que tu fais un nouvel achat, et t’en servir pour calculer les plus-values au moment de la revente.
La méthode du Prix Moyen Pondéré (PMP) : comment ça marche ?
En France, pour calculer la plus-value que tu dois déclarer au fisc lorsque tu vends de la crypto, tu ne peux pas choisir arbitrairement un prix d’achat. Tu dois obligatoirement utiliser la méthode du Prix Moyen Pondéré (PMP).
Cela signifie que, chaque fois que tu achètes une crypto, tu dois recalculer la moyenne du prix auquel tu l’as acquise. Et c’est ce prix moyen que tu utiliseras pour déterminer ta plus-value au moment de la revente.
Autrement dit : peu importe si tu as acheté une partie de tes bitcoins à 20 000 € et une autre à 30 000 €. Le fisc ne veut pas savoir dans quel ordre tu les revends, mais quel est leur coût moyen d’acquisition, pondéré selon les quantités achetées.
Exemple complet :
- Tu achètes 1 BTC à 20 000 €
- Tu achètes un deuxième BTC à 30 000 €
→ Ton portefeuille vaut 50 000 € pour 2 BTC
→ Prix moyen = 25 000 € - Tu vends 0,5 BTC pour 18 000 €
→ 0,5 BTC représente 25 % du portefeuille
→ Part du prix d’achat = 25 % de 50 000 € = 12 500 €
→ Plus-value = 18 000 – 12 500 = 5 500 €
→ Impôt = 5 500 x 30 % = 1 650 €
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Comment déclarer ses cryptos aux impôts ?
A. Déclaration des comptes à l’étranger
Tu as un compte sur Binance, Kraken, KuCoin ou toute autre plateforme étrangère ? Alors, tu es dans l’obligation légale de le déclarer. Peu importe que tu sois actif ou non dessus, ou que tu n’y aies pas déposé d’euros : dès que tu ouvres un compte sur une plateforme non domiciliée fiscalement en France, tu dois le signaler à l’administration fiscale française.
Cette déclaration se fait via le formulaire 3916-bis, et elle doit être transmise chaque année, en même temps que ta déclaration de revenus. Même si tu n’as réalisé aucune transaction, l’obligation reste valable tant que le compte existe. Oublier de le faire, c’est risquer une amende de 750 € par compte non déclaré… et jusqu’à 10 000 € si tu as des avoirs dans un pays non coopératif.
Concrètement, tu dois indiquer le nom de la plateforme, son pays d’implantation, ton identifiant utilisateur, la date d’ouverture du compte… et signaler s’il est toujours actif. Ça prend quelques minutes, mais c’est indispensable pour rester dans les clous.
B. Déclaration des plus-values
Dès que tu as vendu des cryptos contre des euros (ou toute autre monnaie fiat), ou payé quelque chose avec ta carte crypto, tu dois déclarer les plus-values que tu as réalisées. Même si tu n’as fait qu’une seule vente dans l’année, la déclaration est obligatoire.
Elle se fait en deux temps. D’abord, tu dois remplir le formulaire 2086, dans lequel tu détailles chaque opération imposable : date de la cession, prix de vente, prix d’achat, plus-value ou moins-value. Ce formulaire peut vite devenir un cauchemar si tu trades souvent ou si tu utilises plusieurs plateformes.
Ensuite, tu dois reporter le montant global de tes gains ou pertes dans le formulaire 2042 C, à la rubrique “Plus ou moins-values sur actifs numériques”. C’est ce document qui permet au fisc de calculer le montant de la flat tax que tu dois éventuellement régler.
Heureusement, il existe des outils pour t’éviter des heures de galère. Des services comme Waltio, Koinly ou CoinTracker se connectent à tes comptes crypto, analysent automatiquement tes transactions et te génèrent les bons formulaires déjà remplis, prêts à être transmis. Un vrai gain de temps, surtout si tu fais beaucoup d’opérations.
Bonnes pratiques à adopter :
Pour éviter toute galère administrative (et des amendes), voici les réflexes à adopter :
- Garde un historique précis de tes opérations : date, crypto, prix d’achat, prix de vente, plateforme
- Archive toutes les preuves d’achat/vente (relevés, captures d’écran, e-mails)
- Utilise un outil automatisé (Waltio, Koinly…) pour générer tes formulaires
- Déclare tous tes comptes, même inactifs
- Ne dépasse pas le seuil des 305 € sans déclarer
Crée un fichier Excel avec les colonnes suivantes :
- Date
- Type d’opération (achat, vente, échange)
- Montant
- Prix unitaire
- Plus-value réalisée
- Plateforme utilisée
Tableau récapitulatif final de la fiscalité crypto en france :
Pour y voir plus clair, voici un tableau récapitulatif de la fiscalité crypto en France, avec les principales situations que peut rencontrer un investisseur. Il indique pour chaque cas s’il faut déclarer, si l’opération est imposable, et quels formulaires utiliser. Que tu sois hodler occasionnel ou trader régulier, ce résumé te permet de savoir exactement où tu en es avec le fisc. Et surtout, il t’évite de passer à côté d’une obligation… parfois coûteuse !
| Situation | Déclarer ? | Imposé ? | Formulaires |
|---|---|---|---|
| Achat crypto | Non | Non | – |
| Vente crypto → € | Oui | Oui (30 %) | 2086 + 2042 C |
| Échange crypto | Non | Non | – |
| Paiement en crypto | Oui | Oui | 2086 + 2042 C |
| Airdrop reçu | Oui | Oui | 2042 |
| Minage / staking | Oui | Oui | 2042 (BNC) |
| Compte étranger | Oui | Non (mais obligatoire) | 3916-bis |
| Revente < 305 € | Oui | Non | 2086 (exonéré) |
FAQ : régime d’imposition crypto en France
Faut-il déclarer ses cryptos si on ne les revend pas ?
Oui et non.
Tu n’as pas à déclarer tes cryptos tant que tu ne les revends pas contre de la monnaie fiat (comme l’euro).
En revanche, si tu détiens des comptes sur des plateformes étrangères (Binance, Kraken, KuCoin, etc.), tu dois absolument les déclarer via le formulaire 3916-bis, même si tu ne fais aucune transaction.
Comment éviter la Flat Tax en crypto ?
La Flat Tax à 30 % s’applique automatiquement dès que tu réalises une plus-value sur la vente de crypto contre des euros (ou toute monnaie fiat). Mais « éviter » ne veut pas dire « frauder ». Il existe quelques stratégies légales pour réduire ou éviter la flat tax :
- Rester sous le seuil d’exonération
Si le montant total de tes cessions (et non de tes gains) est inférieur à 305 € par an, tu n’es pas imposé.
Exemple : tu vends 300 € de crypto achetée 100 € → 200 € de plus-value, mais pas de taxe.
- Ne pas convertir en euros
Tant que tu échanges des cryptos entre elles (BTC → ETH, ETH → SOL, etc.), tu n’es pas imposé.
L’impôt ne tombe que lorsqu’il y a une conversion en monnaie fiat, ou un paiement en crypto.
- Utiliser la crypto comme réserve de valeur
En gardant tes cryptos sur le long terme, tu retardes l’imposition. Pas de vente, pas de taxe.
- Investir via une structure juridique adaptée (avancé)
Certains investisseurs créent une holding, une SARL de gestion ou passent par un portefeuille d’entreprise, ce qui permet une fiscalité plus souple, notamment en BIC ou IS.
Mais attention : c’est complexe, à encadrer avec un expert-comptable.
- Optimiser les pertes
Si tu as fait des pertes sur certaines cryptos, vends-les la même année que tes gains : tu peux compenser les plus-values avec les moins-values.
Exemple : +3 000 € de gain sur ETH, -1 000 € de perte sur DOGE → imposition sur 2 000 €.
Ce qu’il ne faut pas faire :
- Vendre sur des plateformes offshore non déclarées (le fisc les surveille de plus en plus)
- Ne pas déclarer ses comptes étrangers
- Penser que l’anonymat des wallets t’exonère de tout (spoiler : non)
Dois-je déclarer mes gains si je n’ai vendu que pour 200 € cette année ?
Oui, mais tu ne seras pas imposé.
Le seuil d’exonération est fixé à 305 € de cessions par an.
Si tu restes en dessous, tu n’as pas d’impôt à payer, mais tu dois quand même remplir le formulaire 2086 (et éventuellement 2042 C) pour justifier ton exonération.
J’ai perdu l’accès à un wallet, dois-je le déclarer ?
Non, mais c’est à toi d’en apporter la preuve si l’administration te contrôle.
En cas de vol, de perte ou de piratage, tu n’es pas imposé, mais tu dois documenter ce qu’il s’est passé (copie de plainte, échanges avec un service client, etc.).
Je fais du staking sur une plateforme étrangère, comment ça se déclare ?
Le staking (comme le minage) est considéré comme une activité générant un revenu régulier, donc imposable.
Tu dois le déclarer en BNC, dans le formulaire 2042.
Si tu reçois directement des récompenses en crypto, tu déclares leur valeur en euros au moment de leur attribution.
Je suis en perte cette année. Puis-je la reporter ?
Non, malheureusement.
La fiscalité française des cryptos ne permet pas pour l’instant de reporter les pertes sur les années suivantes.
Mais tu peux compenser tes pertes de l’année avec d’autres plus-values de la même année.
Exemple : +2 000 € sur une vente d’ETH, -500 € sur une vente de BTC → ton gain net imposable sera de 1 500 €.
Et si j’ai oublié de déclarer mes cryptos les années précédentes ?
Tu peux faire une déclaration rectificative via ton espace personnel sur impots.gouv.fr.
Si tu ne régularises pas et que l’administration découvre l’omission, tu risques :
- Une amende de 750 € par compte non déclaré
- Une majoration de 10 % à 80 % sur les impôts dus
- Des intérêts de retard
Le mieux, c’est de corriger dès que possible, même si tu n’as pas de gains.
Fiscalité crypto Dans les autres pays…
| Pays | Plus-values long terme | Revenus passifs (staking, mining, etc.) | Remarques |
|---|---|---|---|
| Allemagne | 0 % après 1 an | Imposés au barème progressif | Avantageux si HODL > 1 an |
| Andorre | 10 % | Imposés à 10 % | Très favorable mais nécessite résidence effective |
| Belgique | 0 % (si non spéculatif) | Taxés si considérés comme professionnels | Régime flou, mais souvent avantageux |
| Canada | 50 % des plus-values imposables | Imposés comme revenus | Fiscalité assez lourde |
| Dubai | 0 % | 0 % | Aucun impôt personnel ; attention à la résidence fiscale réelle |
| Espagne | 19 à 28 % | Imposés au barème de l’épargne | Peu favorable aux traders actifs |
| États-Unis | 0 à 37 % (selon durée et revenu) | Taxés à l’impôt sur le revenu | Déclaration complexe (IRS très strict) |
| France | 30 % (PFU) | 30 % (PFU) | Déclaration obligatoire, régime lourd |
| Luxembourg | 0 % si > 6 mois (hors spéculation) | Soumis à l’impôt selon nature | Peut être avantageux pour les HODLers |
| Malte | 0 % (si non spéculatif) | Taxés si récurrents ou professionnels | Cadre stable mais déclaration requise |
| Portugal | 0 % après 1 an | 28 % | Nouveau régime depuis 2023 |
| Suisse | 0 % (privés) | Taxés si activité pro | Stable et très favorable aux particuliers |
| Thaïlande | 15 % | Taxés également | Cadre fiscal récent mais encore en évolution |
Légende :
- 0 % : exonéré sous conditions (durée, non spéculatif)
- PFU : Prélèvement Forfaitaire Unique (France)
- Taxé comme revenu : soumis au barème de l’impôt sur le revenu local
- Spéculatif : jugé professionnel → imposition lourde









