Pendant longtemps, le Portugal était vu comme un eldorado fiscal pour les crypto-investisseurs. Pas d’impôts sur les plus-values, pas de déclaration fastidieuse, une vraie bouffée d’air frais. Mais depuis 2023, le vent a tourné.
Alors, faut-il toujours déménager à Lisbonne avec son Ledger dans la poche ? Voici le point complet, exemples à l’appui.
Ce qu’il faut retenir rapidement de la fiscalité crypto au Portugal :
| Situation | Imposition | Depuis 2023 ? |
|---|---|---|
| Trading occasionnel | 0 % | ✅ Toujours exonéré |
| Trading professionnel | 28 % | ⚠️ Taxé comme des revenus |
| Plus-values à court terme (<1 an) | 28 % | ✅ Nouveau depuis 2023 |
| Plus-values à long terme (>1 an) | 0 % | ✅ Exonérées |
| Staking, mining, airdrops | 28 % | ✅ Imposés comme des revenus |
| Société crypto | 21 % (impôt société) | ✅ Comme les autres entreprises |
Trading crypto occasionnel : pas de taxe au Portugal
Au Portugal, la fiscalité des crypto-actifs reste particulièrement avantageuse pour les particuliers. En effet, si tu achètes et revends des cryptomonnaies de manière non professionnelle, et que tu respectes un délai de détention d’au moins un an, les plus-values que tu réalises ne sont tout simplement pas imposées. Ce principe continue de s’appliquer malgré la réforme fiscale de 2023, ce qui en fait l’un des cadres fiscaux les plus attractifs d’Europe pour les investisseurs long terme.
Un exemple ?
Par exemple, imaginons que tu aies acheté 2 bitcoins en avril 2022 au prix de 35 000 € chacun, soit un total de 70 000 €. Si tu décides de les revendre en mai 2024 à 60 000 € l’unité, tu réalises une plus-value de 50 000 €. Et bonne nouvelle : tu n’auras pas un centime d’impôt à payer sur ce gain.
Attention cependant, il est essentiel de pouvoir prouver la date d’achat de tes actifs en cas de contrôle. Un justificatif comme une capture d’écran, un relevé de compte ou un mail de confirmation peut faire toute la différence.
Plus-value crypto à court terme (< 1 an) : 28 % d’impôt à prévoir
Depuis la réforme fiscale de 2023, le Portugal a introduit une imposition sur les plus-values crypto à court terme, c’est-à-dire celles réalisées dans l’année qui suit l’achat. Le taux appliqué est de 28 %, une mesure pensée pour freiner la spéculation rapide.
Un exemple ?
Concrètement, si tu achètes 5 ETH à 1 800 € en mars 2025 (soit un total de 9 000 €), puis que tu les revends en août 2025 à 2 600 € l’unité (13 000 € au total), tu réalises une plus-value de 4 000 €. Dans ce cas, tu devras t’acquitter d’un impôt de 1 120 €. À l’inverse, si tu subis une perte sur une revente rapide, comme par exemple en achetant du SOL à 80 € et en le revendant trois mois plus tard à 50 €, la perte de 30 € par token ne sera ni imposée, ni déductible fiscalement. Autrement dit, tu ne paies rien, mais tu ne peux pas non plus compenser cette perte avec d’éventuels gains.
Simulateur Fiscalité Crypto Portugal
Staking, mining, airdrops, DeFi : fiscalisés comme des revenus au Portugal
Tous les revenus générés autrement que par la simple revente sont considérés comme des revenus du capital, donc imposés à 28 % :
- Staking (ETH 2.0, Cardano…)
- Mining (individuel ou en pool)
- Airdrops
- Lending / Yield farming
- Récompenses issues de jeux « play-to-earn »
Exemples concrets
Cas 1 : Revenu de staking
- Tu stakés 10 000 ADA et touches 600 ADA en un an.
- Valeur moyenne des récompenses : 0,30 € → revenu total : 180 €
- Impôt : 180 x 28 % = 50,40 €
Cas 2 : Revenu de mining
- Tu mines 0,05 BTC par mois, soit 0,6 BTC sur l’année.
- Valeur moyenne du BTC : 40 000 €
- Revenu brut : 0,6 x 40 000 = 24 000 €
- Impôt : 28 % de 24 000 = 6 720 €
Ces revenus doivent être déclarés dans ta déclaration annuelle.
Trading crypto professionnel : changement de régime fiscal
Au Portugal, si tu trades des cryptos de manière intensive, attention : tu risques d’être requalifié en activité professionnelle, ce qui change complètement le régime fiscal auquel tu es soumis.
Cette requalification peut intervenir si ton activité présente certaines caractéristiques :
- un volume de transactions élevé,
- une fréquence quotidienne ou hebdomadaire,
- l’usage d’outils automatisés comme des bots de trading,
- ou encore une dépendance économique à ces revenus.
Si les autorités considèrent que tu es un trader pro, tu sortiras du cadre fiscal avantageux des particuliers. Deux options s’offrent alors à toi :
- soit tu es considéré comme travailleur indépendant, et dans ce cas tu paieras l’impôt sur le revenu ainsi que des cotisations sociales,
- soit tu montes une société (généralement une Lda, l’équivalent portugais de la SARL) et tu seras alors soumis à l’impôt sur les sociétés à hauteur de 21 %.
Bref, si tu trades beaucoup et que tu vis de tes gains, mieux vaut anticiper et te faire accompagner pour éviter les mauvaises surprises.
Exemples concrets
Cas 1 : Trader freelance
- Tu trades tous les jours et gagnes 80 000 € de bénéfice sur l’année.
- Impôt : 28 % soit 22 400 €
- Cotisations sociales estimées à 20 % → 16 000 €
- Total : environ 38 400 €
Cas 72 : Société crypto
- Tu crées une société au Portugal qui développe des applications Web3.
- Bénéfices nets annuels : 100 000 €
- Impôt société (21 %) : 21 000 €
- Tu peux ensuite te verser un salaire (imposé séparément) ou des dividendes.
Résidence fiscale : la clé pour profiter du régime portugais
Pour profiter pleinement de la fiscalité avantageuse du Portugal sur les crypto-actifs, il ne suffit pas d’y ouvrir un compte en banque ou d’avoir une adresse postale. Tu dois impérativement être résident fiscal portugais. Concrètement, cela signifie que tu dois soit passer plus de 183 jours par an sur le territoire portugais, soit y avoir ton foyer fiscal ou ton centre d’intérêts économiques principal. En résumé, c’est ta présence réelle et ton ancrage au Portugal qui comptent, pas juste une boîte aux lettres ou une domiciliation de façade.
Exemples concrets
Cas 1 : Résident fiscal reconnu
- Tu vis à Porto toute l’année, ton enfant est scolarisé sur place, tu y travailles ou y télétravailles.
- Tu es considéré comme résident fiscal → exonération des plus-values après 1 an.
Cas 2 : Faux résident
- Tu passes 2 mois à Lisbonne, mais ta vie (famille, emploi, biens) est en France.
- Si l’administration fiscale française mène un contrôle, tu pourrais être requalifié résident français → imposition complète en France, avec redressement à la clé.
Déclaration : obligatoire, même sans impôt
Même si tu ne paies aucun impôt grâce à une revente après plus d’un an de détention, la déclaration reste obligatoire au Portugal. Depuis 2023, les autorités fiscales ont mis en place un formulaire spécifique dédié aux actifs numériques dans la déclaration annuelle. Tu es donc tenu de déclarer toutes tes opérations, qu’elles soient imposables ou non. Cela inclut notamment tes plus-values (même si elles sont exonérées), mais aussi tous les revenus issus du staking, du lending ou du mining. Et si tu détiens des comptes sur des plateformes étrangères (comme Binance, Kraken ou Coinbase) tu dois également les mentionner. L’objectif ? Assurer une transparence totale vis-à-vis de l’administration fiscale portugaise. Ne pas déclarer peut entraîner des sanctions, même en l’absence d’impôt à payer.
Tu dois déclarer :
- Tes plus-values (même non imposables)
- Tes revenus de staking, lending, mining
- Tes comptes sur des plateformes étrangères
Exemple
- Tu as revendu en 2024 un BTC acheté en 2021 → exonéré.
- Tu dois malgré tout déclarer cette opération dans le formulaire prévu.
Omettre ces déclarations peut entraîner :
- Des amendes pour défaut de déclaration
- Un contrôle fiscal en cas de soupçon d’évasion
Faut-il donc s’expatrier au Portugal pour ses cryptos ?
| Situation fiscale | Imposition | Détails clés |
|---|---|---|
| Revente > 1 an | 0 % | À condition de pouvoir prouver la date d’achat |
| Revente < 1 an | 28 % | Impôt forfaitaire sur la plus-value |
| Revenus passifs (staking, etc.) | 28 % | Imposés comme revenus du capital |
| Activité professionnelle ou société | 28 % (perso) / 21 % (société) | Statut dépendant du volume et de la fréquence |
| Résident fiscal portugais requis | Oui | Minimum 183 jours ou centre de vie au Portugal |
| Déclaration des opérations | Obligatoire | Même si exonérées d’impôt |
La réponse dépend de ton profil. Oui, si tu es un investisseur long terme, prêt à t’installer réellement au Portugal — c’est-à-dire à y vivre plus de 183 jours par an — et que ton objectif est de sécuriser tes plus-values après un an de détention, sans passer par la case impôts. En revanche, si tu es plutôt du genre à trader intensivement, à multiplier les revenus passifs via le staking ou la DeFi, ou tout simplement si tu n’as pas envie de changer de résidence fiscale, alors le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle. Dans ce cas, mieux vaut envisager d’autres stratégies ou destinations plus adaptées à ton mode d’investissement.
Lafiscalité crypto Dans les autres pays…
| Pays | Plus-values long terme | Revenus passifs (staking, mining, etc.) | Remarques |
|---|---|---|---|
| Allemagne | 0 % après 1 an | Imposés au barème progressif | Avantageux si HODL > 1 an |
| Andorre | 10 % | Imposés à 10 % | Très favorable mais nécessite résidence effective |
| Belgique | 0 % (si non spéculatif) | Taxés si considérés comme professionnels | Régime flou, mais souvent avantageux |
| Canada | 50 % des plus-values imposables | Imposés comme revenus | Fiscalité assez lourde |
| Dubai | 0 % | 0 % | Aucun impôt personnel ; attention à la résidence fiscale réelle |
| Espagne | 19 à 28 % | Imposés au barème de l’épargne | Peu favorable aux traders actifs |
| États-Unis | 0 à 37 % (selon durée et revenu) | Taxés à l’impôt sur le revenu | Déclaration complexe (IRS très strict) |
| France | 30 % (PFU) | 30 % (PFU) | Déclaration obligatoire, régime lourd |
| Luxembourg | 0 % si > 6 mois (hors spéculation) | Soumis à l’impôt selon nature | Peut être avantageux pour les HODLers |
| Malte | 0 % (si non spéculatif) | Taxés si récurrents ou professionnels | Cadre stable mais déclaration requise |
| Portugal | 0 % après 1 an | 28 % | Nouveau régime depuis 2023 |
| Suisse | 0 % (privés) | Taxés si activité pro | Stable et très favorable aux particuliers |
| Thaïlande | 15 % | Taxés également | Cadre fiscal récent mais encore en évolution |
Légende :
- 0 % : exonéré sous conditions (durée, non spéculatif)
- PFU : Prélèvement Forfaitaire Unique (France)
- Taxé comme revenu : soumis au barème de l’impôt sur le revenu local
- Spéculatif : jugé professionnel → imposition lourde









