Le 30 avril 2025 restera gravé dans l’histoire de la finance crypto française. Pour la première fois, la France autorise officiellement l’utilisation des cryptomonnaies comme garantie pour des crédits lombards. Cette révolution juridique bouleverse les stratégies d’optimisation fiscale des investisseurs crypto. Mais cette nouveauté tient-elle vraiment ses promesses ? Entre opportunités et pièges, décryptage d’un mécanisme qui divise les experts.
Le crédit lombard crypto permet aux détenteurs de cryptomonnaies de mobiliser des liquidités sans vendre leurs actifs numériques, évitant ainsi l’imposition immédiate des plus-values. Cependant, cette stratégie présente des risques significatifs liés à la volatilité et des coûts non négligeables.
Le Crédit Lombard Crypto : Révolution ou Mirage Fiscal ?
Qu’est-ce que le crédit lombard crypto ?
Le crédit lombard crypto fonctionne selon un principe simple : vous mettez en garantie vos cryptomonnaies auprès d’un établissement financier qui vous accorde en contrepartie un prêt en euros. Cette décision, officialisée par une ordonnance publiée au Journal officiel le 8 mai 2025, marque une avancée majeure dans l’intégration des actifs numériques au sein du système financier traditionnel.
Le fonctionnement étape par étape :
- Vous déposez vos cryptos en nantissement (mise en garantie)
- L’établissement vous prête des euros contre cette garantie
- Vous conservez la propriété de vos actifs crypto
- Vous remboursez le prêt avec intérêts à l’échéance
L’avantage fiscal théorique
L’attrait principal réside dans l’évitement de la flat tax de 30% sur les plus-values crypto. Les détenteurs de certaines cryptomonnaies, comme le Bitcoin, peuvent les utiliser comme collatéral pour obtenir un prêt en euros sans vendre leurs actifs numériques, évitant ainsi une imposition immédiate sur d’éventuelles plus-values.
📝 Exemple concret
Vous détenez 10 bitcoins achetés 20 000 € qui valent aujourd’hui 60 000 €. Au lieu de vendre et payer 12 000 € d’impôts (30% de 40 000 € de plus-value), vous les nantissez pour obtenir un prêt de 24 000 € (40% de la valeur).

Les Conditions Réelles du Marché en 2025
Ratios de financement et acteurs
Les établissements proposent généralement des ratios prêt-valeur (LTV) prudents pour les cryptomonnaies :
| Actif | LTV Typique | Établissement |
| Bitcoin (BTC) | 40-50% | Swissquote, plateformes spécialisées |
| Ethereum (ETH) | 35-45% | Plateformes crypto |
| Stablecoins | 80-90% | Nexo, BlockFi |
Coûts et frais réels
Les taux d’intérêt varient considérablement selon l’établissement et la durée :
- Taux variables : 4% à 8% par an
- Frais de dossier : 0 à 500 €
- Frais de gestion : 0,5% à 1% par an
💡 Bon à savoir
Contrairement aux banques traditionnelles, les plateformes crypto appliquent souvent des taux variables indexés sur les conditions de marché.
Les Risques Cachés : Quand la Volatilité Frappe
L’appel de marge : l’épée de Damoclès
Le principal danger du crédit lombard crypto réside dans les appels de marge. Le « niveau d’appel de marge » est le niveau de marge auquel certaines de vos positions risquent d’être fermées de force (ou « liquidées »). Le niveau d’appel de marge est d’environ 80%, mais le seuil exact varie en fonction de la volatilité des cours sur les marchés concernés.
Scénario catastrophe :
- Vous nantissez 1 BTC à 60 000 € pour emprunter 24 000 €
- Le bitcoin chute à 45 000 € (-25%)
- Votre garantie ne couvre plus le prêt : appel de marge
- Vous devez apporter 15 000 € supplémentaires… ou voir votre bitcoin vendu
L’incertitude fiscale persistante
Malgré la légalisation, la question des plus-values latentes en cas de nantissement reste floue, et une clarification réglementaire est attendue, notamment au niveau européen. Cette incertitude crée un risque fiscal non négligeable.
Les experts s’interrogent notamment sur :
- Le traitement fiscal des intérêts payés
- L’imposition en cas de liquidation forcée
- Les conséquences d’un défaut de remboursement
Analyse Coût-Bénéfice : Faut-il Franchir le Pas ?
Calcul de rentabilité
Pour qu’un crédit lombard crypto soit pertinent, il faut que les coûts totaux restent inférieurs à l’impôt évité.
Exemple de calcul :
- Plus-value crypto : 40 000 €
- Impôt évité : 12 000 € (30%)
- Coût du crédit (5% sur 24 000 € sur 2 ans) : 2 400 €
- Économie nette : 9 600 €
Cependant, ce calcul ignore les risques de volatilité et les coûts cachés potentiels.
Les cas d’usage pertinents
Le crédit lombard crypto peut s’avérer judicieux dans certaines situations spécifiques :
Profils adaptés :
- Patrimoine crypto exclusif supérieur à 100 000 €
- Plus-values « stratosphériques » (plusieurs centaines de %)
- Besoin de liquidités temporaire sans conviction de vente
- Capacité à absorber des appels de marge violents
Cas à éviter :
- Premier investissement crypto
- Patrimoine diversifié permettant autres sources de liquidités
- Profil d’investisseur prudent
- Méconnaissance des mécanismes de volatilité crypto
L’Alternative : Stratégies de Réduction Fiscale Éprouvées
Avant de se lancer dans le crédit lombard crypto, d’autres stratégies méritent considération. Notre guide sur comment éviter la flat tax en crypto détaille plusieurs approches moins risquées.
Le PEA-PME crypto
Certains ETF crypto éligibles au PEA-PME permettent une détention avec avantages fiscaux après 5 ans.
L’étalement des cessions
Répartir les ventes sur plusieurs années peut optimiser la tranche marginale d’imposition, particulièrement avec la nouvelle Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR) de 2025.
Perspectives et Évolution du Marché
L’émergence d’un écosystème
Le marché français du crédit lombard crypto reste naissant mais prometteurbec l’arrivée de nouveaux acteurs :
- Banques en ligne : BoursoBank, Swissquote
- Plateformes spécialisées : Nexo, BlockFi (sous réserve de conformité française)
- CGPI : accompagnement via l’assurance-vie luxembourgeoise
Régulation européenne à venir
L’Union européenne travaille sur un cadre harmonisé pour le nantissement crypto, inspiré du règlement MiCA. Cette évolution pourrait clarifier le traitement fiscal et renforcer la sécurité juridique.
Question fréquemment posées sur les crypto et les impôts (FAQ)
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Comment retirer sa crypto sans impôts ?
Le crédit lombard crypto permet théoriquement d’accéder à des liquidités sans déclencher l’imposition, mais cette stratégie présente des risques importants. D’autres méthodes comme l’utilisation du PEA-PME ou l’étalement des cessions peuvent être plus sûres. Pour une analyse complète, consultez notre guide de la fiscalité crypto en France.
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Quels sont les risques principaux du crédit lombard crypto ?
Les deux risques majeurs sont l’appel de marge en cas de chute des cours (pouvant entraîner la liquidation forcée de vos cryptos) et l’incertitude fiscale persistante. Les coûts d’emprunt (4-8% par an) peuvent également réduire significativement l’avantage fiscal espéré. -
Le nantissement de crypto déclenche-t-il l’impôt ?
En principe non, le simple nantissement n’est pas considéré comme une cession. Cependant, le cadre fiscal reste flou et une clarification réglementaire est attendue. En cas de liquidation forcée suite à un appel de marge, l’imposition devient inévitable.
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Quand faut-il déclarer ses cryptos ?
La déclaration est obligatoire dès la première cession, quel que soit le montant. Pour les comptes détenus à l’étranger, une déclaration spécifique est requise même sans cession. Le crédit lombard crypto n’exonère pas de ces obligations déclaratives.









